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Contre l'ultralibéralisme

Théories ultralibérales basées essentiellement sur les théories darwiniennes de l'évolution. Mais actuellement, en théorie de l'évolution, reconnaissance de plus en plus importante du rôle du hasard qui fait que la sélection naturelle et le processus d'essais-erreurs n'aboutissent pas forcément à la solution optimale.

D'autre part, un contrôle centralisé permet souvent de prévoir quelle est la solution optimale d'un problème, sans avoir à effectuer des essais-erreurs toujours très coûteux (tant matériellement qu'humainement, cf. coût pour l'État et les banques de la faillite d'une entreprise), alors que la raison humaine, si elle était imposée aux entreprises, faciliterait l'obtention d'une meilleure qualité et d'une plus grande efficacité. Enfin, regroupement -> économies d'échelle. Se priver de l'intervention de l'État revient à se priver de l'exercice d'une vue globale et à long terme pouvant par exemple faire sortir d'un optimum local, ce qui, dans un système ultralibéral, peut être impossible pour deux raisons : soit aucune entreprise ne voit l'intérêt de faire l'effort de sortir de cet optimum local (ce qui nécessiterait des investissements qu'elle ne veut pas fournir), soit aucune des entreprises ne peut fournir l'investissement nécessaire à cette évolution -> nécessité d'intervention de l'État (même une coopération entre entreprises peut être insuffisante, en plus d'être particulièrement difficile à mettre en oeuvre). Problème de l'intervention de l'État : apparition de raisons d'ordre idéologique ou politique dans l'économie.

Si ultralibéralisme : innovation sans ressources impossible. Si système d'aide centralisé, ceci est possible dans la mesure où l'administration peut juger correctement l'innovation (ou peut financer toutes les innovations).

Centralisation : pas tout géré par le centre mais délégation de pouvoirs avec cependant possibilité de contrôle supérieur (délégation sans indépendance, cf. régionalisation). Contrôle centralisé = autorité capable d'imposer le comportement conforme à l'intérêt collectif à long terme à un acteur économique qui agit évidemment suivant ses propres intérêts (généralement à moyen terme, en tout cas jamais à l'échelle historique). De manière générale, une théorie économique n'est philosophiquement cohérente que si elle ne s'intéresse qu'à l'intérêt le plus général ou si elle justifie philosophiquement la restriction de ses intérêts à une communauté particulière.

Le coût d'une administration centrale peut sembler élevé, et cette administration inefficace car un administrateur ne connaîtra jamais la situation d'une entreprise aussi bien qu'un cadre de cette entreprise (on pourrait évidemment désigner un responsable envers l'État parmi les cadres de chaque entreprise). Mais pas forcément besoin de connaître à la perfection l'état interne d'une entreprise pour faire des prévisions sur l'évolution d'un marché, concernant non pas la situation précise d'une entreprise mais les interactions entre plusieurs entreprises (preuve est que ce type d'analyse fleurit dans les journaux économiques). La concurrence est (pour le client) intéressante sur le plan des prix, mais la qualité du produit y perd souvent, surtout si cette qualité n'est pas visible avant achat ou au moins après une courte période d'essai (ex : en alimentaire, où les produits sont renouvelés pour le consommateur au bout de quelques jours, la concurrence est bénéfique [et encore, pas s'il se crée de nouveaux produits plus vite que ce que le consommateur peut tester] ; mais dans le domaine de l'ameublement [plusieurs années ou décennies avant renouvellement] la concurrence ne peut pas jouer, et l'État devrait développer des moyens objectifs d'indiquer la qualité, comme des "labels de qualité"). Il arrive évidemment que l'État fasse le contraire de ce qu'il faudrait (par ex. en prolongeant indéfiniment la vie d'une industrie morte au lieu d'en faciliter e d'en accélérer la fermeture, et de gérer la réinsertion des salariés).

Ici, "raison humaine" = raison dictant l'intérêt collectif (au moins national) et non l'intérêt d'une entreprise particulière (i.e. de ses actionnaires, cf. Buts de l'entreprise). Ex : les taux de change. On a de nombreux exemples de cas où la spéculation s'est avérée néfaste à l'économie de tout un pays, accentuant une mauvaise tendance au lieu d'aider à l'enrayer (aucun système dynamique ne peut être stable s'il ne contient que des mécanismes d'amplification et pas de mécanisme de modération) ; les banques centrales se retrouvant avec la difficile tâche de rétablir l'équilibre (rarement aidées par les banques centrales de pays concurrents)[une solution serait d'autoriser des taux de change flottants en laissant la possibilité, dans des situations exceptionnelles, de fixer le taux de change pour éviter les dérapages, voire de stopper momentanément la convertibilité d'une monnaie, puis de la rétablir à un taux fixé pendant le temps nécessaire à la stabilisation).

Libéralisme peut être utile dans un nouveau secteur, afin de débroussailler le terrain, mais faire attention à l'établissement de normes dues à une domination du marché, normes souvent arbitraires (courant alternatif) voire même néfastes (clavier QWERTY/AZERTY, utilisé au début car comme il est plus compliqué et inadéquat tant au français qu'à l'anglais, il ralentit la vitesse de frappe sur les premières machines à écrire, fragiles, mais les claviers actuels, plus solides, devraient être rénovés, ce qui est impossible car la première entreprise qui se lancerait comme producteur de claviers plus efficaces se heurterait au refus des clients, et la première entreprise qui adopterait ces claviers à grande échelle verrait momentanément sa productivité chuter du fait du manque d'habitude de ses employés, ce qui lui ferait perdre du terrain face à la concurrence : l'évolution est bloquée par le libéralisme tant chez les producteurs que chez les consommateurs).

Avantages des monopoles légaux dans certains domaines : quand par exemple service minimal à assurer, ceci doit être fait par une loi -> une des entreprises doit prendre en charge le service minimal plus coûteux et moins rentables -> pas concurrence juste. Ex : distribution de courrier en zone rurale, coûteuse ; si ouverture de ce marché, une des entreprises devra assurer ce service et sera désavantagée.

Aberration de certains systèmes concurrentiels : si par exemple un service comporte un abonnement forfaitaire plus un paiement proportionnel à l'usage (électricité, télécommunications etc.), une entreprise A va offrir un forfait plus bas et des tarifs plus hauts que l'entreprise B, etc. Les gros consommateurs se dirigeront alors vers B et les petits vers A, ce qui fait qu'en fait les entreprises seront toutes les deux perdantes (sauf dans la mesure où le client est mal informé, ou s'il est incapable de prévoir sa consommation correctement). L'utilité de la différenciation est alors nulle : les deux entreprises pourraient, avec un résultat équivalent, proposer les tarifs les plus bas. (ceci n'exclut pas d'autres avantages de la concurrence dans ce domaine, comme la stimulation pour la RD etc.)

Paramètre à prendre en compte dans l'évaluation que les clients font des prix : la part des bénéfices de l'entreprise qui leur revient (ou à l'État) sous forme de redistribution (= "acheter national") car ceci correspond en fait à une baisse des prix (plus exactement si une entreprise nationale offre un service plus cher, une part de l'excès revient au consommateur sous la forme des impôts et de l'État). Or ces informations ne sont pas données -> le consommateur ne peut pas choisir correctement ce qui lui est le plus profitable ( -> entrave au fonctionnement efficace des lois du marché). Mais si communication de ces informations : aussi aberration car les produits les plus performants ne sont pas les plus demandés (frein à l'expansion d'une innovation etc). Moyen = instaurer une redistribution mondiale efficace, ou bien taxer les entreprises en fonction de la provenance de leurs bénéfices (dernière option = manière "douce" de supprimer la notion de "nationalité" d'une entreprise + éviter les paradis fiscaux ; mais possibilité de contourner par manoeuvres financières ?).

Si certains domaines de service public sont rentables, leur bénéfice devrait être réalloué non pas spécifiquement à ces domaines mais au budget de l'État : le principe d'une gestion centralisée est justement de pouvoir financer les secteurs moins rentables par les secteurs plus rentables (si les secteurs moins rentables sont tout de même utiles). Ceci se fait déjà au niveau d'une entreprise qui par exemple utilise ses bénéfices d'une branche pour investir dans une autre, pour financer la RD... L'État a parfois tort de séparer les budgets (comme en France l'excédent des ASSEDIC qui a servi à baisser les cotisations et augmenter les allocations pour le chômage et aurait peut-être pu être alloué à d'autres secteurs d'intérêt public ayant besoin d'argent). Cependant ce système ne doit pas maintenir en vie des entreprises inutiles servant quelques intérêts d'une catégorie (mais là encore, les professionnels de ces entreprises devraient être reclassés et non artificiellement maintenus comme le fait l'État, ou licenciés comme le font beaucoup d'entreprises ; ce reclassement ne peut se faire qu'à l'aide d'une gestion supervisée).

Loi offre/demande : fournit un point de fonctionnement du marché (mais le fait que le marché soit un système physique réel garantit de toute façon qu'il y a un point de fonctionnement) ; avantages de ce point de fonctionnement ? Pas prix minimal car la quantité que maximise l'entreprise est prix unitaire * nb de clients et donc l'entreprise peut augmenter le prix si la diminution de la demande est légère ; avantage = (si le point est stable) qu'il n'y a pas d'effort à faire pour y maintenir le marché (le libéralisme prétend ne pas avoir à intervenir car le marché se dirige seul vers un point de fonctionnement dont le seul avantage est qu'il n'y a pas à intervenir pour y parvenir : le libéralisme est auto-justifié, à défaut d'être auto-régulé), qu'il est stable (cf. l'importance de la stabilité dans le Meilleur des Mondes).. alors que les modèles économiques s'appuient non pas sur la stabilité mais sur la croissance. De plus, la loi offre/demande prévoit qu'en cas d'augmentation de la demande, les prix vont augmenter, alors qu'au niveau de la production le raisonnement est inverse (économies d'échelle) : quel facteur privilégier ?

De plus, quel fondement a le comportement d'augmenter les prix de ce qui est plus demandé même si le coût de production est identique (à part le fait que ce comportement est spontané) ? (ex : trains plus chers en période de vacances, non pas pour augmenter la fréquentation hors-vacances ni pour diminuer une fréquentation excessive en vacances, mais pour augmenter les profits). On peut répondre que le prix de vente doit être celui que les consommateurs sont prêts à payer pour obtenir le produit (ce qui n'est pas vraiment une situation optimale) ; mais dans le cas des trains, chaque utilisateur est prêt à payer le même prix, c'est le nombre d'utilisateurs qui varie, ce qui fait que le prix moyen, pris sur l'ensemble de la population, est plus élevé, mais la pertinence de ce prix moyen est douteuse (cf. aux enchères : les personnes non intéressées n'influent pas la vente, et le nombre de personnes intéressées à un prix donné non plus, seul le prix maximal compte). Fondement de la supposition plus fort acheteur = meilleur utilisateur ? (meilleur pas / une morale mais pour un développement économique ultérieur ; cf. moindre propension marginale à consommer des hauts revenus).

Existence de cas où la concurrence n'est pas viable (à cause des économies d'échelle) : ex le commerce de proximité (si deux commerçants offrant la même catégorie de produits s'installent trop près l'un de lautre, ils devront augmemter leurs prix, voire feront faillite ; même si l'un est "meilleur" [pour les clients] que l'autre, l'autre seraquand même suffisamment fréquenté pour que la partition des fréquentations entraîne faillite [ou ahuuse des prix, seule alternative à la faillite] ; même si le "pire" fait faillite avant l'autre, l'intermède peut durer suffisamment longtemps pour que la hausse des prix dérange le consommateur) : ici concurrence -> hausse des prix.

Analogie libéralisme / théorie de l'évolution (survivance des plus aptes etc.) : cf. le développement de la théorie des "gênes égoïstes" : certains comprtements ne s'expliquent que si on considère l'intérêt d'un gène particulier et non pas d'un individu. De la même manière, les raisonnements économiques devraient plus souvent prendre en compte non pas les intérêts de l'entreprise (analogue de l'individu, qui sont à conserver), mais les intérêts des sous-unités de l'entreprise influant son comportement (i.e. les cadres) et cherchant non pas la survie de l'entreprise mais la leur (le paradigme du "gène égoïste" en biologie montre que l'adéquation est plus rare qu'on ne le pense). De plus, en économie il n'y a rien qui s'apparente à la reproduction sexuée (si ce n'est l'espionnage industriel), qui permette de combiner les avantages de différents intervenants (ex : un restaurant mal situé mais très bon, et un autre bien situé mais moins bon, sont irréconciliables) ; de plus, la mort des êtres vivants a une utilité certaine pour l'évolution (élimination de schémas trop anciens, et non-monopolisationd es ressources par des vieux individus, au profits d'individus montants plus prometteurs)), alors qu'en économie, les industrie inadaptées car trop anciennes persistent souvent (leur fermeture pose de gros problèmes), et de la même manière les grosses entreprises ont tendance à persister quasi-indéfiniment et à empêcher les jeunes entreprises de se développer. L'éducation des enfants par les parents n'a pas non plus d'analogue économique.

Si la concurrence entraîne une baisse des prix pour un produit donné, pas de prise en compte de l'évolution des produits ni de l'existence de produits voisins (il n'y a pas d'entreprises fabricant exactement le même produit, c'est même souvent interdit [cf. brevets : entrave à la concurrence ou rétribution d'une trouvaille universellement utilisable]). Alors concurrence = ? (traiter un continuum de produits ?) De plus, conséquence de la concurrence = création de nouveaux produits, non soumis à concurrence car fabriqués par une seule entreprise (état permanent de non-concurrence).

Les théories libérales sont infalsifiables si la coopération et la réglementation sont considérées comme des comportements émergents à partir de comportements individuels non régulés.

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