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Problèmes de la privatisation de la Sécu

Une sécu privée pourrait-elle faire mieux, à moins de faire payer plus ou de donner moins, ce qui ne serait qu'un moyen pour l'État de masquer cette régression sociale en faisant croire qu'elle vient non de lui mais d'(un) organisme(s) privé(s) indépendant(s) ? Pourquoi une entreprise possédée par des particuliers (et donc dont beaucoup des revenus sont distribués en dividendes et donc perdus pour l'entreprise) ferait-elle mieux, avec le même capital, qu'une entreprise possédée par l'État ? Pour la Sécu, l'argument de l'économie de marché concurrentielle ne tient pas : la concurrence aboutit à réduire les marges de bénéfice de l'entreprise -> faillites (particulièrement injuste pour ceux qui s'étaient assurés à cette entreprise et se retrouvent sans ressource [d'autant plus que les théories économiques libérales se basent sur les théories de l'évolution biologique et de la sélection naturelle, où l'on reconnaît actuellement le grand rôle du hasard, d'autant plus injuste]) ->oligopole et décision du niveau des remboursements par des personnes non concernées, librement et indépendamment de toute justice ou morale, inacceptable pour la Sécu.

Inégalités flagrantes : les écarts de retraite risquent de devenir beaucoup plus grands que les écarts de revenus durant la vie active si privatisation des retraites, voire disparition totale des retraites pour certaines catégories. Ceci est en contradiction logique avec la création d'un "minimum vieillesse" pour pallier à cela : soit l'État ne s'occupe de rien (inacceptable) soit il prend en charge de quoi assurer à tous une retraite normale [système unifié : plus logique, simple en moins coûteux] (en laissant bien entendu la possibilité de cotiser indépendamment, mais en plus de la retraite fournie par l'État, ce qui revient à mettre de l'argent de côté durant la vie active; mais en aucun cas cette cotisation ne doit se substituer à celle de l'État : elle consiste simplement à reverser durant la retraite ce qui a été versé avant -> aucune redistribution).

Pas privatisation mais meilleur contrôle au cas par cas de ce qui doit être plus ou moins remboursé : par exemple, soins indispensables à un individu pour qu'il puisse vivre et travailler normalement, mais pas traitements de chirurgie esthétique (même si on les fait passer pour une nécessité pour le bien-être psychologique ou autre justification abusive). Remboursement seulement partiel des placebos (si aucun remboursement : pas d'effet ; si remboursement total : absurde).

Autre argument : toute la population serait-elle apte à choisir correctement sa caisse de retraite, d'assurance etc ? Il y aura toujours des imprévoyants qui choisiront l'assurance minimale et qui en appelleront à l'État en cas de besoin, ce qui n'est pas le cas si l'État centralise et légifère sur la gestion de ces assurances (en rendant partiellement obligatoires les frais que les assurés auraient de toute façon payés à leur caisse d'assurance).

Idée d'une assurance minimale de l'État, obligatoire pour les plus pauvres jusqu'à un certain seuil, puis au-delà assurances privées : mauvaise à cause des aberrations qu'entraîne tout seuil. Mais possibilité d'établir un barème plus complexe (type impôt sur le revenu) où la part absolue autant que relative de l'État dans le financement de l'assurance baisserait avec le revenu. Problème : ce système devrait être adaptable avec les temps et les éventuelles variations des revenus de l'assuré, ce que l'État peut faire (comme l'impôt sur les revenus) alors que des caisses privées demandent souvent un engagement à plus ou moins long terme (ce qui est normal pour leur logique financière mais est difficilement acceptable).

La santé et les retraites sont des domaines par nature non rentables : même en tenant compte des gains de productivité dus à la bonne santé des travailleurs, soigner n'est jamais rentable en soi. Soigner est donc un choix (d'une collectivité) de consacrer une part de ses revenus, collectivement, à la santé. Si elle était privatisée (et scindée en plusieurs entreprises), une telle organisation ne devrait pas être autorisée à dégager des bénéfices (ou du moins, les bénéfices devraient être intégralement reversés aux cotisants sous forme de baisse des cotisations ; mais la réduction de la marge de bénéfice est nuisible à la cotation en Bourse). Les avantages généraux d'une privatisation : moins de bureaucratie (on aurait plusieurs systèmes distincts au lieu d'un), responsabilisation du consommateur par la mesure de sa dépense (qu'un système assure 100 millions ou 100000 personnes, la différence au niveau de la perception que le cotisant a du fait que ses excès lui coûtent ne doit pas être très différente), choix par les cotisants de la meilleure compagnie (le but initial était la réduction des dépenses abusives, mais il n'est pas sûr que les clients se dirigent vers les prestataires fournissant le moins de soins superflus, car la différence des prix qui en découle ne peut pas être directement comparée à la différence de soins qui est impondérable et dont le client a rarement une bonne connaissance par manque d'information ; cf. les conséquences du libre choix du médecin) ne jouent pas. De plus les clients pouvant changer de prestataire, les intérêts à court terme prennent le pas sur ceux à long terme (comme la prévention de maladies graves). Ce système revient à faire jouer le même système à une échelle inférieure, en permettant aux actionnaires des entreprises de prélever régulièrement leurs dividendes (ce que l'État ne fait pas) ce qui entraîne des fuites, dont on peut se demander si elles seront compensées par les économies sur les dépenses abusives ; de plus, séparer une gestion en plusieurs peut entraîner des disparités qui vont à l'opposé du but recherché de redistribution, et il faut éviter un "régionnement" de la clientèle : pour qu'une redistribution à plusieurs systèmes séparés soit efficace, il faut que ces systèmes soient homogènes.

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