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Composantes du sentiment esthétique en musique

Il y a des composantes très différentes aux raisons pour lesquelles on apprécie la musique. Ça n'est pas purement structurel (invariant par "isomorphisme") parce que si on fait un ralentissement du tempo par exemple, ça ne change pas la structure mais ça change énormément notre perception. Je dirais qu'il y a au moins

- une composante physiologique, qui fait qu'une octave apparaît comme un intervalle "très naturel" qu'on ne remarque même pas comme une différence. (Hommes et femmes chantent à une octave d'écart quand ils croient chanter la même chose. Je ne sais pas si c'est spécifique à la musique occidentale, mais je pense que c'est universel.) C'est probablement lié au fait que notre oreille fait plus ou moins une transformée de Fourier et que donc les rapports de fréquences entiers jouent un rôle. Même argument pour les quintes, un peu moins fort.

- une composante apprentissage : on ne peut pas écouter de musique complexe avant d'avoir écouté des trucs simple genre Frère Jacques ou Mozart. Parce qu'on n'a pas encore les outils intellectuels/perceptuels nécessaires à la "compréhension" (détection des structures) des musiques plus complexes. Il est clair que les harmonies du XXe ne peuvent se comprendre que si notre oreille est d'abord habituée à celles du XIXe... L'autre facette de l'apprentissage est la lassitude : quand on a bien compris le son du piano/l'harmonie de Frère Jacques on veut des sons plus compliqués...

- une composante structurelle : = repérage de régularités "explicatives" dans la musique par opposition à un signal sonore purement aléatoire. La régularité la plus simple est la répétition d'un thème, je crois que ça existe dans absolument toutes les musiques. Ensuite, il y a les répétitions avec variation/transformation... Cette partie-là est "intrinsèque" mais bien sûr il faut un certain apprentissage pour repérer des structures compliquées.

- une composante associative : certaines musiques se réfèrent clairement (par le rythme, la douceur des harmonies etc.) à des situations humaines associées à telle ou telle émotion. Il y a clairement des musiques calmes et des musiques dynamiques. Ensuite il y a évidemment une histoire personnelle (telle musique associée à telle période/tels événements) qui dépend de chaque individu, à mon avis elle n'est pas du tout négligeable en pratique.

- sans doute d'autres choses auxquelles je n'ai pas pensé...

Mais cette typologie n'aide guère à écrire de la bonne musique...

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