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Définitions de la conscience

(07/01/2001)

Si on définit la conscience d'un système uniquement à partir de considérations abstraites portant sur la structure du système, alors la définition obtenue sera invariante par changement de « codage » (par exemple, un livre où sont codés les états des molécules d'un cerveau conscient devra être considéré comme conscient). Si on la définissait ainsi, tout système suffisamment compliqué contiendrait une partie qui, avec un bon codage, représenterait un système conscient (possibilité de trouver un codage simple, « de faible complexité » ?).

Autre proposition de définition de la conscience par rapport à un être déjà considéré comme conscient : Attente intuitive d'un être conscient = qu'il interagisse avec nous, et que cette interaction ait une certaine permanence (si une partie de l'Univers se trouve momentanément présenter plus ou moins par hasard des caractértistiques d'un être conscient, on ne la considérera pas comme consciente). Proposition de définition de la conscience « concrète » à partir d'une notion quelconque de conscience « abstraite » ci-dessus : un système est conscient s'il interagit avec nous à la manière d'un être conscient selon la définition abstraite et si les lois de la physique font que cette interaction se perpétue (doit nécessairement se perpétuer) [au moins un certain temps]. (Cette définition est même applicable à une photo instantanée si on peut prouver que l'évolution de l'état qu'elle décrit restera consciente. Par contre cette définition exclut de la conscience une suite de bits codant le comportement d'un être conscient).

Cependant une définition abstraite de la conscience (conscience aussi d'une suite de bits codant un comportement conscient, d'un héros de roman...) ne pose en principe pas de problème particulier si on supprime le problème moral sous-jacent (est-ce mal d'effacer la suite de bits, de détruire le roman... ?)

On peut définir la conscience dans différents ordres ou cadres -- celui du roman, etc., à partir de la conscience abstraite, et dire que deux consciences sont du même ordre si par rapport à l'une, l'autre présente la conscience concrète selon la déf. ci-dessus (en se donnant l'équivalent des « lois de la physique » pour les héros de roman). Alors le paradoxe moral apparent vient du fait qu'on le pose implicitement par raport à nous pris comme point de référence, alors que si on ne se permet de comparer moralement que deux conscience du même ordre, il n'y a pas de problème : le héros de roman doit ou ne doit pas tuer son confrère tout comme nous à notre ordre.

(22/05/2002)

Les problèmes dans la définition de la conscience viennent surtout par les conséquences morales implicites ("il est mal de brûler un livre contenant la description codée d'un cerveau"...).

On peut définir la sensation et la conscience relativement à une conscience qui les perçoit ; la représentation d'un cerveau dans un livre ne définit une conscience que si une autre conscience a choisi de donner une certaine signification à certains arrangements de lettres (mais c'est la même chose pour la conscience d'un autre humain : on a choisi de donner un certain sens à des manifestations physiques telles que la parole etc.). Solution possible : de toute façon qqsoit l'objet on peut toujours y reconnaître ce qu'on veut dans le bon codage, et si on donne une def de la conscience trop invariante par isomorphisme alors une table sera consciente à cause de l'arrangement microscopique des atomes ; on peut supposer que qqch est conscient si l'hypothèse la plus simple qui exlique son organisation est qu'elle représente une conscience ie un système ayant certaines réactions etc.

Pb moral posé par ces définitions : dans le cadre d'une morale issue de la coopération en cas de symétrie (dilemme du prisonnier...), l'argument moral n'est valable qu'en cas de symétrie du jeu : il est insuffisant que je perçoive l'action/pensée de l'autre, il faut que cette pensée puisse m'influencer pour que l'argument du dilemme du prisonnier s'applique (ex d'un livre codant un cerveau : ça m'affecte si ce qu'il dit m'intéresse ; ex d'un héros de roman : ça m'affecte dans la mesure où je m'identifie à lui et où ses sentiments ressortent en moi) => théorie simple : soit la conscience est au même "niveau" que moi (autre être humain) et peut agir sur moi et alors morale classique, soit (roman ou autre) n'a pas de possibilité d'action et alors simplement : c'est mal de détruire (brûler le livre, faire mourir le héros de roman) si ça me fait du mal à moi. Autre exemple : si qqch pourrait être dit conscient à cause d'un codage tordu, si je ne perçois pas spontanément ce codage ça n'influe pas sur moi => pas de morale dans ce cas (alors, morale dépend de l'éducation des sens : si on apprend à percevoir les héros de romans avec autant de réalité que les autres humains, on ne doit pas les faire mourir ?).

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