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Scepticisme implique hédonisme

Irréfutabilité du scepticisme -> validité de l'hédonisme remanié. En effet, objectivité impossible -> seule option =subjectivité (=valeurs intrinsèques, plaisirs). C'est d'ailleurs un argument souvent utilisé contre le scepticisme (face à quelqu'un qui vous déclare que vous n'existez pas, vous menacez de lui faire mal et utilisez sa réaction comme preuve de votre existence). Le sujet ne pouvant douter de son existence (cogito) est amené à reconnaître qu'il éprouve du plaisir, même sans raison justifiée, et donc à suivre ceci. Il peut bien sûr suivre le contraire, rien ne l'en empêche, mais en présence des deux possibilités il sera porté (par définition du plaisir) à choisir celle lui faisant le plus plaisir (au sens de l'hédonisme remanié).

La distinction plaisir/déplaisir est présente dans le sujet sans qu'il sache souvent pourquoi (la psychanalyse tente de découvrir quelques-unes de ces causes, la génétique, d'autres ; le stoïcisme s'emploie à modifier ces plaisirs), mais il peut (et même ne peut pas ne pas) l'utiliser comme critère de validité, étant sûr de l'éprouver (même s'il n'est pas sûr de la justesse de la cause qu'il lui attribue). Ici la logique empirique intervient : par un constat de corrélation entre les causes supposées (le monde extérieur dont l'existence est douteuse), le sujet associe donc cause extérieure et plaisir ou déplaisir, et cherche donc à éviter les sources de déplaisir, même s'il ne peut en connaître la cause réelle, à savoir l'existence ou non du monde extérieur. S'il ne le faisait pas, il serait amené à être dépendant totalement du hasard du plaisir ou du déplaisir (quelle qu'en soit la cause). Il est donc normal qu'il cherche à influencer cette cause supposée, la logique étant alors le meilleur (le moins mauvais) moyen trouvé pour ce faire (elle est donc universelle, chaque homme l'utilisant, mais non objective ni absolue).

Le scepticisme affirme que le monde extérieur est perçu totalement subjectivement, par les sens. Mais comme le plaisir est lui aussi subjectif, le fait que le scepticisme soit irréfutable prouve justement pour le sujet (qui, lui, sait par le cogito que son plaisir existe) que la conduite consistant à rechercher le plaisir subjectif est parfaitement en accord avec la subjectivité du monde extérieur, qu'il a intérêt à prendre pour existant au même titre que ses plaisirs, afin d'expliquer et de conserver ceux-ci.

Le sujet ne sait pas si le monde existe mais agit en fonction de lui car il sait que ses plaisirs existent. Ces plaisirs sont pourtant subjectifs (on ne peut pas clairement leur attribuer une cause), et c'est cette ambiguïté du plaisir, nécessairement existant mais subjectif, qui permet d'agir comme si le monde extérieur, dont on sait qu'on ne peut en avoir qu'une perception subjective (voire totalement inventée), existait. Ainsi la liaison subjective constatée entre le monde et les sentiments (plaisir, déplaisir, etc.) permet de dépasser la subjectivité du monde qui trouve ainsi une sorte d'objectivité interne. (Cette liaison correspondrait à une valeur intrinsèque, qui value les informations des sens et non le monde extérieur lui-même). Donc scepticisme ou simplement relativisme, empirisme et hédonisme ne sont pas incompatibles.

La volonté de suivre ses plaisirs n'est pas indispensable ici (même si après-coup, on peut démontrer en supposant l'existence du monde extérieur, qu'elle a toujours lieu, cf. nécessité de la recherche du plaisir) : l'existence de la distinction et le fait que cette distinction produise chez le sujet des actes dans lesquels elle est prise en compte suffit.

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