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Soirée philo du 24 janvier 1996

Avertissement. Ce texte n'est que la réunion des notes prises par les uns et les autres durant la soirée, d'où la sécheresse du style et l'absence de liens logiques systématiques.

Thème général : la conscience du moi

Recherche d'une définition satisfaisante, pouvant recouvrir l'usage courant.

Du point de vue de l'impression d'existence de soi, de la différence d'avec les autres. Excluant le moi inconscient, qui ne donne pas ce sentiment de présence et d'existence.

Définition de départ : la conscience du moi est l'endroit du cerveau où convergent les informations sensibles et les pensées internes.

Informations sensibles : pas informations brutes mais déjà traitées par les mécanismes de traitement automatique (cf. lecture, reconnaissance des formes...), et incluent donc les informations sensibles imaginées. Pensées internes : essentiellement mémoire et concepts. On ne considère que la partie consciente de ces phénomènes.

Selon cette définition, le moi est instantané, et subit des modifications au cours du temps (le temps est-il continu?).

Problème des "légumes" psychiatriques (ayant perdu tous les sens et la conscience) : sont-ils humains (ou même vivants)? Non car pas de conscience de soi, pas de conscience d'exister. Mais ce sont des humains potentiels (en cas de réveil).

Problème du moi futur : on l'envie, on cherche à le modifier, mais a-t-on conscience de lui? Probablement pas : on n'en a conscience que par la projection sensible présente qu'on s'en fait.

Problème des rêves : en rêvant, on a conscience du soi existant dans le rêve, et ceci rentre dans le cadre des informations sensibles (imaginées, générées par le moi lui-même).

Problème du moi par rapport à moi ou aux autres : s'il n'y avait jamais eu personne autour de moi, aurais-je conscience d'exister un jour? Un bébé n'a-t-il pas conscience des autres avant d'avoir conscience de lui-même? L'absence de souvenirs (conscients) de la prime enfance conduit à la considérer comme n'étant pas vraiment moi mais une étape préparatoire (comme la vie foetale ou les parents, que l'on considère extérieurs à soi). D'autre part, la conscience des autres passe forcément par les données sensibles qui ne peuvent être comprises et donc intégrées à la conscience que si cette dernière existe déjà.

Problème des passions : cause inconnue, passion consciente ne découlant pas des informations sensibles présentes mais dues à des informations sensibles passées non forcément consciemment remémorées. Possibilité d'action de l'inconscient sur le conscient en cas d'envie, d'attirance. Mais la mémoire inconsciente n'agit jamais directement sur le conscient présent, mais sur l'inconscient présent qui lui-même influence le conscient. Donc : préciser dans la définition les messages de l'inconscient, qui peuvent être intégrés dans les pensées internes au même titre que les messages de la mémoire (ma mémoire ne fait pas partie de la conscience que j'ai de moi, sinon j'aurais à chaque instant tous mes souvenirs présents à ma conscience ; de même pour l'inconscient). D'ailleurs les informations sensibles et pensées internes ne sont pas indépendantes, puisque l'inconscient et la mémoire influent sur les rêves qui s'expriment par des informations sensibles.

Problème : appartenance du corps au moi conscient? Je peux considérer ma main comme un simple outil du moi, de même que je ne considère pas mes parents comme partie de moi mais comme moyen de réalisation. De la même manière, mon code génétique n'est pas mon moi conscient mais un instrument de sa réalisation. Existence d'un point fixe du moi?

Problème : le moi peut-il être "faux", en se percevant de manière erronée? Non car s'il se perçoit d'une certaine manière, il a conscience d'être cette perception. Dans les rêves, c'est bien le même moi que pendant la veille qui a l'impression d'exister (la liaison entre ces deux moi n'étant pas garantie par les informations sensibles qui sont coupées pour la conscience pendant les phases non oniriques du sommeil, c'est la mémoire qui garantit cette liaison ; on n'a pas l'impression d'avoir été conscient des rêves qu'on a oubliés). Dans la réalité, notre raison nous amène à supposer que les objets ont une existence "vraie" indépendante de nous alors que les rêves n'en ont pas, mais nous ne pouvons appréhender les objets réels extérieurs que par notre conscience et le moi perçoit les rêves comme il perçoit la réalité. Il n'y a donc qu'un moi.

Problème : le moi du "je pense donc je suis" est-il différent du moi déduit d'après la conscience qu'a l'autre de moi? Le deuxième nécessite le premier pour recevoir et interpréter l'avis de l'autre.

Problème : le fait qu'on n'accepte pas la conscience à un ordinateur vient-il du fait qu'il est prévisible? Non car en réalité, l'ordinateur est imprévisible : erreurs + impossibilité de prévoir de manière générale comment se comportera un programme quelconque donné (pas d'autre méthode que de l'essayer). Différence : au programme on donne une tâche alors que l'homme n'a pas de but a priori cette impression de plus grande imprévisibilité. Le vivant est habituellement défini à l'aide de caractéristiques biologiques (reproduction, métabolisme, code génétique, chimie spécifique...).

Problème : les ordinateurs ont actuellement l'analogue d'un système nerveux : ils reçoivent des informations de l'extérieur, comme des informations sensibles (clavier, scanner...), ont une mémoire et un endroit (le processeur) où convergent ces informations. Donc nécessité de compléter la définition par la possibilité d'une rétroaction de cette conscience sur elle-même, c'est-à-dire par la possibilité de générer elle-même des informations sensibles ou eds données internes et pas seulement de les recevoir. C'est le constat de la différence entre les informations venant de l'extérieur et les informations venant de soi (pouvant être modifiées) qui amènera la conscience de soi. Ainsi un bébé se découvre (crée son moi inexistant auparavant, cf. ci-dessus) en voyant par exemple ses mains quil peut contrôler et qui lui procurent des sensations visuelles en retour. Cette possibilité de rétroaction est à l'origine de l'impression de l'existence d'une volonté du moi. L'ordinateur ne possède pas cette possibilité de rétroaction ni même la possibilité d'user à loisir de sa mémoire.

Problème : si on perd subitement tous les sens, a-t-on encore conscience de soi? Le souvenirs sont dans le cerveau, pas dans la conscience (il ne sont pas tous simultanément présents à l'esprit) mais peuvent être rappelés. Donc : après cette perte des sens, encore conscience de soi grâce à la mémoire et la possibilité de rétroaction de la conscience qui prend ici une grande importance. Si à la naissance, déjà aucun des sens, pas mémoirepas apparition de la conscience de soi. Mais à la mort, probablement encore conscience de soi pendant un temps court, sur la rétroaction et la mémoire après disparition des informations sensibles. Si perte momentanée des sens, de la conscience et effacement de la mémoire, le moi qui réapparaît ensuite n'est plus le même (et si perte de la mémoire mais avec continuité des informations sensibles et de la conscience?).

Problème : si perte de tous les sens pendant un instant et oubli pendant cet instant de l'idée précédente, la possibilité de retrouver cette idée n'est due qu'à la réapparition d'informations sensibles rappelant les précédentes. Quand arrêt de la conscienec sans arrêt de la mémoire et pas d'informations sensibles, pas de possibilité de redémarrer ex nihilo en utilisant la mémoire et la rétroaction. Donc : nécessité d'un déclencheur, d'un mouvement de départ pour lancer la conscience (information sensible, stimulation artificielle...) au cas où l'on voudrait créer une conscience artificielle.

Problème du début du rêve : action ex nihilo de la mémoire ou de l'inconscient, ou nécessité d'un déclencheur sensible (du type froidje rêve de neige)? Pas nécessairement car présence d'une dynamique interne à l'inconscient et à la mémoire indépendamment de la conscience du moi (on sait que pendant le sommeil sans rêve où pas de conscience de soi, la mémoire se réorganise inconsciemment pour assimiler les informations de la journée). Possibilité pour la dynamique corporelle (battements de coeur, etc) d'engendrer le déclencheur de conscience en l'absence de déclencheur sensible?

Schéma récapitulatif (la structure interne de l'inconscient, probablement complexe, n'apparaît pas).

La conscience du moi apparaît donc comme la zone où convergent les informations traitées par les différentes fonctions cérébrales. Les décisions sont probablement prises par la zone de réflexion, qui en informe la zone de conscience du moi, laquelle donne l'ordre d'exécution aux organes (rétroaction de la conscience sur cette zone), non représentés ici. L'inconscient n'agit qu'au travers de la mémoire (qui peut comporter une partie inconsciente, càd qui ne sera pas trasnmise à la conscience du moi).

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