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Soirée philo du 19 juin 1996

Avertissement. Ce texte n'est que la réunion des notes prises par les uns et les autres durant la soirée, d'où la sécheresse du style et l'absence de liens logiques systématiques.

Thème général : la détermination du caractère humain

Qu'est-ce que le caractère, et par quels facteurs est-il influencé?

Proposition de définition : le caractère est la réaction d'ordre affectif aux situations extérieures.

Problème des goûts : font-ils partie du caractère ou en sont-ils seulement une conséquence?

On doit considérer, pour résoudre ce problème, le caractère comme une potentialité, c'est-à-dire que le caractère est (à chaque instant) la cause des réactions affectives à toutes les situations extérieures potentielles. Partant, les goûts sont une manifestation du caractère, le caractère lui-même n'est pas parfaitement connaissable (du moins en l'absence de modèle théorique), et est autorisé à changer avec le temps.

Les instincts et pulsions forment souvent une large part de ce caractère, mais sont modifiées par la raison et les connaissances.

Tout le caractère ne se manifeste donc pas nécessairement ; le caractère extérieur peut varier selon l'interlocuteur ; mais ces caractères "extérieurs" que l'on montre donnent une indication sur le caractère "propre", qui est une partie du moi (sans avoir pour autant un pouvoir discriminant suffisamment fort pour permettre de l'en déduire).

Le caractère peut varier, mais l'on parle cependant de caractère "habituel" (le fait de définir le caractère comme potentialité réduit les variations car il permet de prendre en compte les variations apparentes de caractères dues uniquement à des facteurs extérieurs). Ce qui semble habituel, c'est plus le jugement que l'on porte sur le caractère de quelqu'un que ce caractère lui-même.

Possibilité de modifier volontairement son caractère (la conscience du changement n'est pas un obstacle à ce changement). Modification seulement progressive? Le changement de caractère ni le caractère final, pour être effectifs, n'ont besoin d'être perçus consciemment.

Peut-on attribuer un caractère à un être non conscient? S'il semble que tous les êtres conscients ont un caractère, il semblerait qu'on puisse attribuer un caractère à beaucoup d'animaux même non conscients. Par contre, le propre des êtres conscients semble être la possibilité de volonté de modification du caractère.

Possibilité de modifier le caractère par un comportement répété. Ceci=pas voie obligée. D'autre part, certains changements de caractère intérieurs n'ont pas de répercussions sur le comportement (ex : certains comportements dus à notre caractère, que l'on sait mauvais et que l'on exclut consciemment, mais que des pulsions nous imposent) ; résolution de ce paradoxe réside dans la distinction entre caractère et perception (consciente ou non, mais faisant intervenir des mécanismes de pensée de soi) qu'on a de ce caractère. De la même manière que certaines pensées, idées, peuvent être acceptées comme vraies (et donc intégrées à notre réflexion) mais considérées déplaisantes, certains traits indéniables de caractères peuvent être refusés (consciemment ou non), d'où la différentiation entre le caractère et sa perception.

Une "force d'inertie" inconsciente, croissante avec l'âge s'oppose aux modifications du caractère même appuyées par des arguments rationnels.

Le caractère est-il un ou divisible, c-est-à-dire a-t-il des composantes distinctes? On pourrait parler de régions ouvertes s'interpénétrant.

Doit-on modifier son caractère? Un complet changement de caractère serait un suicide, une fin de soi. La continuité du changement assure la continuité du moi ; un changement discontinu serait mort et naissance d'un autre (même si la mémoire consciente ou non demeure, elle n'est pas acceptée ou assimilée à une erreur). Mais le propre de la conscience est justement de pouvoir se penser et donc de vouloir éventuellement modifier son caractère (cf. ci-dessus) ; cette modification, si elle est volontaire, n'est pas un suicide car la volonté de modification établit le lien ente moi ancien et nouveau, le nouveau étant émanation de la volonté de l'ancien.

Les modifications de caractère ne sont réelles qu'à partir du moment où le comportement qui en découle est devenu spontané, et pas encore quand la conscience doit intervenir à chaque fois que la situation se présente, pour se surimprimer au caractère afin de modifier le comportement naturel (qui découle, lui, directement du caractère)[la volonté de modification du caractère n'est pas incluse dans le caractère, sinon ici : paradoxe ; ceci est cohérent car cette volonté de modification n'est généralement pas d'ordre affectif mais plutôt rationnel]. Ainsi le caractère est spontané, en ce sens qu'il est inconscient sur le moment et conscient a posteriori, cette conscience pouvant aboutir à une modification ultérieure.

Existe-t-il un "bon" et un "mauvais" caractère en dehors d'une référence à un idéal social? Dans le cadre d'une morale hédoniste, on pourrait appeler "bon" caractère celui qui aide à atteindre le bonheur ; mais alors un mauvais caractère forcerait la personne concernée à augmenter sa raison (pour accéder au bonheur) dans la mesure de ses capacités, ce qui impliquerait de plus grandes facilités d'accès au bonheur ; un caractère qui fait atteindre directement au bonheur est bon, de même qu'un caractère qui tend à augmenter les capacités intellectuelles (bonheur). Une morale hédoniste considère donc comme bons les caractères qu'une morale fondée sur l'intellect considère comme bons, et est donc moins exigeante.

Origine du caractère : "100% d'inné plus 100% d'acquis" (il est évident que l'un et l'autre donnent des prédispositions, des probabilités, sans toutefois fermer complètement certaines possibilités).

Les drogues (y compris certains médicaments) : elles entraînent une modification du comportement ; et du caractère? D'après notre proposition de définition oui, mais momentanément et (en général) réversiblement (sauf si dans notre définition, on inclut la drogue comme facteur appartenant à la situation extérieure, et non comme facteur interne à la personne) [le relatif échec de ces médicaments vient peut-être précisément du fait qu'ils soignent les symptômes sans changer le caractère].

Cependant, le caractère (de soi ou d'un autre) semble assez difficilement déterminable. Même s'il était déterminé, comme ce caractère ne recouvre que des situations affectives, le libre-arbitre demeurerait (domaines artistiques, intellectuels [la rationalité n'implique pas la prévisibilité, sinon le développement scientifique serait prévisible]).

Le caractère vu comme ensemble de potentialités donnant à chaque instant les réactions affectives aux situations extérieures, même s'il semble assez difficile voire impossible (peut-être cela vaut-il mieux) à expliciter, semble donc rendre assez bien compte de plusieurs aspects de notre comportement.

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